L'école de la vie !

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Nous sommes résolument toujours tournés vers la systématisation de la collaboration dans le travail. Malheureusement cela n’est pas enseigné dans nos écoles. Nous pensons que nous ne préparons pas suffisamment nos jeunes à devenir des tisserands de la nouvelle toile sociale, professionnelle et économique. Nous ne les préparons pas intimement à la collaboration et mieux, à l'empathie dans le travail en équipe.

Prenons l’exemple des classes de maternelle. La manière d’organiser une classe de maternelle n’a rien à voir avec l’organisation d’une classe de primaire et plus. Dans une classe de maternelle, les élèves sont assis en cercle. Chaque élève a à sa gauche et à sa droite un autre élève qui lui sont présentés comme des piliers, des valeurs essentielles sur lesquelles il pourra s’appuyer pour avancer et se construire en tant que pierre angulaire d’un socle social commun. Le cercle est par définition un espace indéfiniment variable. Il existe infiniment de cercles autour d’un même centre comme il existe chez nos enfants, aussi différents les uns des autres, infiniment d’émotions, d’idées, … et c’est là que commence l’émulation !

Mais dès que vous arrivez au primaire, la classe devient une usine. Vous avez un élève à une position avancée, un autre derrière et tout de suite on installe la compétition dans cette classe où des enfants sont censés apprendre les uns des autres. On conditionne et formate l’esprit des jeunes à la compétition en leur interdisant même de s'entraider pendant les évaluations.

C’est l’illustration parfaite de la fracture dans l’éducation qui échappe malheureusement à notre attention constructive. On ne réussira pas à construire ou révéler autant de valeurs éparpillées sur les terres fertiles de nos jeunes, en brandissant la compétition dès le plus jeune âge.

Voici une plaie, une si profonde plaie, qui ronge notre mécanique éducative. Tous ces jeunes formés dans la division pendant tout le cursus pour au final, leur demander de travailler en équipe une fois en entreprise. Et tout le monde s’étonne qu’il y ait de la rétention d’informations dans le monde professionnel. Mais comment voulez-vous que quelqu’un qui a passé toute sa vie à cacher sa copie d'évaluation, à compétir pour être bien noté, à se morfondre sur ses résultats médiocres, qui en plus seront sanctionnés par des parents cherchant l’excellence dans toutes les disciplines, réagisse en entreprise ? La magie n’opérera jamais, à moins que des entreprises allouent des budgets pour réapprendre à leurs collaborateurs à travailler en équipe, et encore, les personnalités sont forgées et les principes inculqués, difficile de revenir en arrière… Tous ces séminaires ou ateliers récurrents de team building demeurent des pansements que certaines entreprises ont trouvés pour guérir, provisoirement, une plaie bien plus profonde.

Mais comment se sortir donc de ce cercle vicieux ? En inculquant tout simplement la culture de l’attribution et non de l’évaluation. Redéfinir le mot « évaluation » qui devrait désormais prendre le sens de la motivation. Les enseignants doivent eux-mêmes apprendre à tirer leurs élèves vers le haut et non pas les sanctionner. Le modèle éducatif finlandais est toujours en tête du classement mondial dans la pédagogie et l’enseignement, pourquoi ? Parce qu’ils ont compris bien trop tôt, que pour favoriser l’apprentissage, il faut non seulement le rendre plus ludique mais surtout plus collaboratif. Le système de notation est quasiment inexistant et les enseignants sont eux-mêmes des experts en travail en équipe. L’égalité, le développement individuel et collectif, la bonne volonté, la confiance et l’indépendance sont leurs maîtres mots !

La pédagogie est la philosophie de l’éducation et il faut que notre école acquière cette simplicité intellectuelle et le courage de recentrer l’école sur sa mission d’instruction, de partage de connaissances, d’apprentissage collaboratif au détriment du système d’évaluation et de sanction que nous appelons l’école moralisatrice ! La logique même de l’école méritocratique organisée pour la reproduction des élites plutôt que pour la préparation du plus grand nombre à la vie doit céder la place à une école démocratisant les savoirs et permettant à tous de disposer des moyens de construire leurs compétences.

Nous avons le choix de préparer nos enfants pour le travail ou pour la vie. Nous choisissons la vie !



Par Florent YOUZAN & Hanae BENNANI


Ce billet de blog a été initialment pubié sur le blog Jeudenotes.com



Florent Youzan

Auteur·rice : Florent Youzan

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