Les femmes africaines, elles sont nos mères, nos épouses, nos sœurs, nos collaboratrices. Elles ont su démontrer leurs compétences dans plusieurs domaines et continuent d'assurer bien de responsabilités avec aisance. On ne pourra jamais leur dénier cette forte implication dans la transformation sociale et l’édification d'une société responsable. Désormais, elles ont décidé de s'investir dans le développement numérique de l'Afrique via le réseau international francophone « Femmes et TIC ».
J'ai rencontré au Burkina-Faso, dans le cadre du forum Innovafrica Étape Ouagadougou en mars 2015, des jeunes femmes singulières, qui comprennent et transcrivent le langage du numérique. curieusement singulières, oui, mais agréablement naturelles et femmes. Je me rapproche d'elles et me sens saisi par un atelier qu'elles animent. Le sourire est au rendez-vous, l'ambiance est amicale et les échanges sont saisissantes. Elles parlent de la place qu'occupe la jeune femme africaine dans l’écosystème du numérique en Afrique. Nous sommes à Ouagalab, un fablab au cœur de la capitale du Burkina-Faso. L'atmosphère se parfume d'une belle symbiose d'intelligence collective et de partage de savoirs et de savoir-faire. Les débats sont passionnants !
Fatima Alher est étudiante en géographie et membre très active de la communauté Openstreetmap du Niger. Elle vient de Niamey et parle de son engagement pour la cartographie libre et citoyenne aux cotés des hommes. Sa passion est déroutante. Son témoignage est révélateur. Fatima explique comment la cartographie numérique lui a permis de se faire une place dans un monde fortement dominé par les hommes. A la faveur d'une incursion scientifique à l'Université de Ouagadougou, elle a animé des ateliers de prise en main d'outils numériques de cartographie.
Bassératou Kindo, de nationalité burkinabé, journaliste et blogueuse, recherche un modèle économique pour son blog qu'elle anime depuis plusieurs années et qui selon elle, intervient sur une thématique controversée en Afrique : l'éducation sexuelle. Elle est rapidement mise sur des pistes de solutions par Tatiana Pandaré, community manager à JokkoLabs Ouaga, qui lui expose comment de jeunes blogueuses en Côte d'Ivoire, qui bloguent sur des thématiques aussi sensibles que controversées, se font accompagner par des entreprises. Colombe Houphouët venue de la Côte d'Ivoire spécialement pour cette rencontre, présente son projet de commerce électronique basé sur les réseaux sociaux.
Ainsi, de la vente des articles culturels et autres objets d'art en ligne à l'éducation féminine, en passant par les Blogs au féminin, l'accès aux banques de ressources éducatives numériques et les plate-formes des prix des denrées alimentaires, toutes les opportunités ont été passées au peigne fin. Vous l'aurez deviné, elles tissent désormais la toile numérique féminine en Afrique.
De la rencontre informelle en novembre 2013 à Abidjan, à la mise en place du réseau international francophone « Femmes et TIC » en novembre 2014 à Lomé au Togo, un pas de géant a été réalisé par ces jeunes filles. Tout en se révélant mutuellement les opportunités qu'offre l'innovation technologique aux femmes en Afrique, ces jeunes filles ne veulent plus donner du crédit à ces idées reçues, qui présentent les TIC comme un domaine réservé uniquement aux hommes et aux scientifiques.
Faut-il être instruite et diplômée des grandes universités pour tutoyer les TIC ? Non, répond Diane Ouedraogo qui invite les jeunes femmes africaines à donner une coloration numérique à leurs activités. « Nous manquons peut-être de volonté, nous ignorons en partie l'importance des TIC, mais nous restons des artisanes du développement de l'Afrique et nous devons désormais le conjuguer avec le numérique », explique Diane Ouedraogo, membre du réseau international francophone « Femmes et TIC ».
Il est vrai que la participation de la femme africaine au développement du numérique se heurte par moment à des obstacles d'ordre technique, sociologique ou culturel, mais pour Diane et ses amies, cela reste un lointain constat, car elles disposent désormais d'une tribune pour faire bouger les lignes.
Florent YOUZAN