mercredi, décembre 3 2014

PNUD Burundi | Chaque innovation doit être une réponse concrète aux problèmes africains

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Cet article a été initialement publiée sur le site internet du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) au Burundi : Chaque innovation doit être une réponse concrète aux problèmes africain



Florent Youzan co-organise depuis 2012 le forum Innov Africa, soutenu cette année par le PNUD

« J’ai participé pour la première fois au Forum InnovAfrica en 2011 à la faveur d’un projet que j’étais invité à présenter, AFRIWORKERS. Cet  annuaire en ligne des télétravailleurs africains promeut le travail à domicile et mutualise les expériences. L’idée est d’encourager les jeunes à rester chez eux pour travailler, pour mettre sur pieds des équipes et collaborer ensemble à des projets à distance. Créer son propre emploi est une aubaine pour les jeunes en Afrique. Les chômeurs doivent comprendre que le numérique permet de travailler à partir de chez soi et donc de se prendre en charge soi-même !

« J’ai tout de suite perçu InnovAfrica comme une plate-forme qui permet aux jeunes de construire des ponts plus solides que les murs. Chaque édition du forum nous permet de repartir chez nous avec de nouvelles briques d’innovation qui peuvent être répliquées pour répondre aux problèmes locaux. Ce forum est aussi une opportunité pour les intelligences africaines de se rencontrer, de donner vie à leurs projets et de créer un excellent réseau de collaborations Sud-Sud. C’est une chance que la jeunesse africaine s’offre à elle-même et à tous ceux qui se posent la question de comment réinventer l’économie de l’Afrique. Les innovateurs de différents secteurs peuvent ensemble solutionner les problèmes africains. Chaque problème est une opportunité d’innovation, et que chaque problème est une idée d’entreprise !

« Lors de ma première participation en 2011, j’ai découvert le concept JERRYCAN. J’ai tout de suite compris que ce projet était un vecteur de transmission de l’ADN de l’innovation ! Un ami informaticien s’est proposé d’étudier le projet et d’organiser des formations à Abidjan. Il a lancé le premier atelier de fabrication de Jerry en Afrique où 50 jeunes ont appris à construire des ordinateurs en bidon. Nous avons continué par la suite à promouvoir la fabrication de Jerry partout en Côte d’Ivoire et en Afrique.

« Ce concept est très intéressant car il est axé sur la réutilisation. Il amène la jeunesse à recycler, à penser à l’économie circulaire et à démystifier l’informatique. Les ordinateurs classiques arrivent chez leurs utilisateurs dans une boîte noire et seul le spécialiste sait ce qu’il y a à l’intérieur ! Avec le Jerry, on ouvre, on démonte, on comprend. Les bidons sont gratuits et sont de toutes dimensions. On en trouve toujours un qui convient pour contenir les pièces informatiques de recyclage sélectionnées. Dans les ateliers Jerrycan les participants apprennent à assembler des composantes informatiques mais ils apprennent aussi à ajouter de la valeur en personnalisant le Jerry qu’ils montent. L’avantage éducatif est important car il transmet des valeurs de partage et fédère plusieurs intelligences.

« En Côte d’Ivoire les étudiants qui ont déjà été formés à ce reconditionnement informatique instruisent d’autres jeunes. Ils créent de manière informelle un troisième lieu d’apprentissage dans les quartiers.

« Chaque Jerry peut avoir une fonction précise déterminée par les besoins de la localité et les attentes des constructeurs. Par exemple en Côte d’Ivoire nous avons conçu un Jerry « serveur de diffusion » qui permet de suivre les grossesses des femmes grâce à l’envoi de SMS.

« Ce projet transmet des valeurs qui militent pour le développement humain et communautaire. Les jeunes reprennent confiance en eux-mêmes en apprenant la soudure, ils se mettent à disposition de la communauté et par ce biais permettent à la communauté elle-même de reprendre confiance...

« Ce projet ne forme pas de simples techniciens mais des techniciens formateurs, transmetteurs d’une philosophie plus importante que le bidon ».


Cet article a été initialement diffusée sur le site internet du PNUD Burundi

mardi, décembre 2 2014

Africa R.D.V. | Interview Florent Youzan : « L’avenir de l’Afrique, c’est ici »

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Cet article a été initialement publié sur le site internet AFRICA RDV :  Interview Florent Youzan : « L’avenir de l’Afrique, c’est ici »


« Liberté » et « Innovation » sont les deux mots qui peuvent définir cet innovateur ivoirien. Florent Youzan fait partie de la catégorie de rares jeunes africains qui abandonnent un poste en entreprise pour oser innover. Co-fondateur du tiers-lieu « Ovillage », un espace technologique et collaboratif à Abidjan et contributeur sur plusieurs projets liés au numérique à travers l’Afrique, Florent Youzan est un concepteur des ponts de l’intelligence collective. Africa Rendez-vous lui a tendu le micro dans le cadre de la 6ème édition d’InnovAfrica, une rencontre de l’innovation  africaine, tenue à Lomé.

Florent Youzan, que représente pour vous le rendez-vous d’InnovAfrica ?

Je vous remercie pour l’importance que vous accordez déjà à ce forum. Le rendez-vous d’InnovAfrica pour moi, c’est la réinvention de l’éducation et la mise en avant d’une prise de conscience du fait que l’Afrique est obligée d’innover pour pouvoir avancer. Cette innovation a deux grands acteurs notamment les jeunes et les femmes. C’est pourquoi je me réjouis d’être au Togo avec toute cette jeunesse togolaise et celle venue des 15 autres pays africains pour venir communier, échanger et collaborer.

Pour moi, InnovAfrica, c’est la réinvention de l’éducation par une prise en compte de l’innovation comme étant un axe stratégique du développement.

Depuis le 24 novembre, vous côtoyez plusieurs jeunes innovateurs, avez-vous été émerveillés ?

Oui! Le projet sur la robotique. La robotique, c’est vraiment l’avenir de la technologie. C’est aussi l’avenir de l’automatisation, de l’industrie,  de tout ce qui pourrait permettre à l’homme de s’épanouir tout en réduisant l’énergie qu’il dégage pour travailler. J’ai vu des jeunes africains prototyper des robots et manipuler des microcontrôleurs. Et pour moi, c’est déjà un pas très important parce qu’ils se sont réappropriés la technologie et ils vont la conjuguer pour l’Afrique. Ils vont faire en sorte que cette technologie réponde exactement à des besoins spécifiques de l’Afrique. J’ai également vu des jeunes faire de la cartographie. Ils réécrivent l’histoire de l’Afrique, retracent les rues de l’Afrique à partir du numérique. L’Afrique peut constituer sa base de données de systèmes géographiques à partir des logiciels libres. Mais ce qui est important, c’est que cette base de données soit développée par de jeunes africains de manière collaborative.

J’ai aussi été séduit par Diomède Niyonzima qui est porteur d’un projet très intéressant pour l’Afrique, « Lueur d’espoir ». Comment des africains peuvent soutenir l’Afrique à réussir son développement. Et il part de constats très simples. Les acteurs du développement, ce sont les citoyens et lui il ne fait pas la part des choses entre ceux qui sont assermentés pour faire du développement et ceux qui sont là pour recevoir du développement.

Si l’Afrique était Wikipédia, chaque africain qui est contributeur sur ce Wikipédia serait président de l’Afrique.

Et c’est comme ça que nous devons comprendre cette démarche. Et on arrive à le démontrer facilement par le numérique. Pour moi ce sont les messages forts de ce forum.

Vous êtes co-fondateur de « Ovillage ». Voudriez-vous nous en parler ?

Ovillage, c’est un espace d’intelligence collective et d’innovation sociale. C’est un tiers-lieu. Ce n’est ni un bureau, ni la maison. C’est un lieu à cheval entre le bureau et la maison, donc c’est vraiment un endroit transversal où plusieurs intelligences se retrouvent pour échanger, pour collaborer. Dans ce genre d’espace, on arrive à faire comprendre aux gens que le développement doit être mené par les citoyens eux-mêmes. Et faire en sorte que l’échange, le partage, la collaboration et l’entraide soient les valeurs clés du prochain développement de l’Afrique.

Les logiciels libres par l’Afrique. Pourquoi cette démarche ?

Une chose qu’il faut comprendre est que le logiciel libre est porteur d’espoir pour l’Afrique. J’ai vu des jeunes africains étudier avec la peur au ventre, en se demandant s’ils pourront avoir une insertion professionnelle. J’ai vu des parents amener leurs enfants à l’école en se posant la question, s’ils auront les moyens d’acheter toute l’infrastructure informatique qu’il faut pour l’éducation de leurs enfants.

Le logiciel libre c’est une voie qui s’offre à l’Afrique. C’est une voie qui s’offre à chaque jeune africain de pouvoir  réinventer son éducation.

La philosophie du logiciel libre est très simple. Nous axons l’éducation sur le partage. J’ai toujours demandé que l’éducation en Afrique soit réinventée, parce qu’on ne peut pas former les gens dans la division, et leur demander 15 ans plus tard de travailler en collaboration dans les entreprises.

Le logiciel libre est un axe stratégique d’insertion professionnelle. Ça fait 50 ans que l’Afrique lutte contre le chômage. Mais tant qu’on continuera de lutter contre le chômage, il aura toujours des chômeurs en Afrique.

Il faut qu’on arrête de former des demandeurs d’emplois, pour laisser la place à une formation orientée vers les créateurs d’emplois

Le logiciel donne la possibilité à n’importe quel jeune africain de prototyper une idée d’entreprise et de se lancer dans l’entrepreneuriat. C’est comme ça qu’on va donner une force à la jeunesse africaine sur un podium où elle aura la voix pour parler au monde entier.

Un appel aux jeunes qui pensent à un autre Eldorado?

Il faut que la jeunesse africaine comprenne que nos différents pays doivent arrêter de construire des murs et construire plutôt des ponts, parce que les ponts sont plus solides que les murs. En construisant des ponts entre nos différentes capitales, nous allons créer un brassage d’intelligences et nous allons amener la jeunesse africaine à échanger, à partager et à innover. Je parle d’un pont virtuel.

L’avenir de l’Afrique, ce n’est pas ailleurs. L’avenir de l’Afrique c’est ici

Le moment est venu de mobiliser nos forces, d’agréger nos intelligences pour pouvoir créer la matrice du développement de l’Afrique. Chaque jeune africain est acteur du développement, quand il aura compris qu’en lui, il y a du potentiel qu’il doit pouvoir mettre à la disposition de l’Afrique. Je me réjouis d’une chose, il fût un moment où tout le monde disait que l’Afrique n’avait que des problèmes. Mais moi je connais un continent qui est en train de subir une transition numérique. Et chaque jeune se rend compte qu’en réalité, chaque problème d’un africain est une opportunité pour innover. C’est pourquoi je demande à la jeunesse africaine, de peut-être voyager pour découvrir plein de choses, mais d’avoir les pieds en Afrique. Car c’est en Afrique, que nous allons créer l’innovation pour la population africaine. Chacun de nos problèmes est une richesse pour nous. Il faut juste savoir où se trouve la richesse.

Interview réalisé par Mawulikplimi Affognon

Crédit Photo : Ambassade des USA en Côte d'Ivoire

Cet article a été initialement publié sur le site internet AFRICA RDV :  Interview Florent Youzan : « L’avenir de l’Afrique, c’est ici »

GolfNews | Florent Youzan, un disque dur d’innovation

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Cet article a été initialement publié sur le site internet de Golfe News : Florent Youzan, un disque dur d’innovation


Florent Youzan, un passionné d’innovation participe depuis lundi 24 novembre 2014 à la 6e édition de l’InnovAfrica à Lomé.

L’un des fondateurs du tiers lieu « Ovillage »    de la Cote d’Ivoire, après le tour des Béninois,  a partagé ses expériences avec les participants du forum InnovAfrica ce mercredi 26 novembre, dans la session dénommée ‘’rencontre des tiers lieux’’.

Ivoirien d’origine, un touche à tout, un mordu d’innovation, il pense que les programmes africains sont conçus pour former les demandeurs d’emploi et non les créateurs d’emploi ou de richesse.

Informaticien dans une structure en Côte d’Ivoire, Florent Youzan, voulant suivre son étoile a décidé d’affronter  ses rêves  en faisant le choix de l’innovation.

« Je me suis débarrassé de mon employeur, ce n’est pas lui qui m’a limogé pour créer une plateforme de promotion du télétravail du coworking et de la mutualisation de compétences », a-t-il déclaré avec assurance.

Initiateur d’ Afriworkers, Florent est l’un des Africains qui pense que les chômeurs cachent en eux des atouts inexploités.  Car, comme on le dit souvent chacun de nous est une expérience.

  De fil en aiguille, le tiers lieu de Florent Youzan a fait du chemin et est visité par des sommités ivoiriennes.  

De réussite en réussite, Florent a sillonné la Cote d’Ivoire pour rencontrer les jeunes étudiants, élèves chômeurs pour leur apprendre à réveiller leurs potentialités.

Le fils des éléphants de la Cote d’Ivoire est fier aujourd’hui de son choix, parce qu’il fait le tour des pays africains et autres pour partager ses expériences.

Avec un sourire accueillant, Florent ne finit pas avec ses idées innovatrices et personne ne sait ce qu’il peut créer encore demain pour faire du bien à son pays.

Si l’Afrique est à la traîne et marche au pas des pays dits développés, c’est parce que le système éducatif n’est pas actualisé. Entrepreneuriat doit aujourd’hui bousculer certaines facultés qui ne fabriquent que des chômeurs dans certaines  universités africaines.

Cet article a été initialement publié sur le site internet de Golfe News : Florent Youzan, un disque dur d’innovation

jeudi, octobre 23 2014

IJSBERG | En Afrique, les logiciels libres au secours du développement

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Cet article a été initialement publié sur le site internet IJSBERG Magazine : En Afrique, les logiciels libres au secours du développement

Alors que la France a été récemment salué pour sa promotion des logiciels libres dans l’administration, nous avons rencontré Florent Youzan, spécialiste en transformation sociale par les logiciels libres. Le développement de l’informatique en Afrique doit passer selon lui par l’utilisation de logiciels libres, alors même que les géants comme Facebook et Google mettent en place de nombreuses mesures pour booster Internet sur le continent.

 

Florent Youzan est ingénieur informaticien et spécialiste en Transformation Sociale par les Logiciels Libres. Il est foncièrement convaincu que l’Afrique va se développer. Mais pour lui, ce développement ne pourra se faire sans la conjugaison de la jeunesse et du Logiciel Libre. Lors du Bonoua E-School Time (BEST14) , une université d’été organisée par l’agence E-voir les 4, 5 et 6 septembre, Florent Youzan est revenu sur les enjeux majeurs du développement de l’Afrique par la culture du Libre.

Florent Youzan, vous êtes un fervent défenseur du logiciel libre. Et durant les trois jours, vous avez sans cesse répété que le développement de l’Afrique ne se fera que par la culture du logiciel  libre : qu’est-ce que le Logiciel Libre ?

On définit le Logiciel Libre comme étant un logiciel qui respecte quatre libertés fondamentales :

  • la liberté d’utiliser le logiciel pour tous les usages et sans restriction

  • la liberté d’étudier le fonctionnement du logiciel

  • la liberté de  modifier le logiciel afin qu’il fonctionne exactement comme nous le souhaitons, tout en répondant de manière spécifique à nos besoins. Et cette liberté induit l’accès au code source du logiciel

  • la liberté de distribuer les modifications effectuées sur le logiciel. C’est ce que nous appelons la liberté de contribution.

Ces quatre libertés définissent le Logiciel Libre. Ces quatre libertés ne sont pas directement rattachées au logiciel, mais font référence à l’utilisateur et à ses droits fondamentaux.

La philosophie du Logiciel Libre réinstalle donc l’utilisateur dans ses droits tout en montrant, que l’utilisateur doit être au cœur de l’Informatique.

 

Avec cette définition du logiciel libre, où on parle de modifier, d’étudier le fonctionnement et de distribuer le code source. Le logiciel libre ne serait-il pas une affaire d’initiés, de geek ? Pourquoi l’Afrique doit-elle adopter le Logiciel Libre ?

Les logiciels libres tels que définis donnent l’impression qu’ils sont seulement rattachés au domaine informatique.

Mais il faut reconnaître et insister sur le fait que le Logiciel Libre va au-delà de l’informatique.

Aujourd’hui, nous parlons beaucoup plus de culture du Libre plutôt que de Logiciel Libre. Cela nous permet de sortir le Logiciel Libre des laboratoires, des hackerspace et autres makerspace, pour  montrer au citoyen lambda que le Logiciel Libre et la culture du Libre donne une certaine prédisposition pour le développement des différents territoires africains.

Avec le Logiciel Libre vous comprenez que l’informatique ne s’impose pas sur un territoire ni aux utilisateurs, mais doit réussir à s’adapter aux réalités du territoire qui l’accueille. C’est une valeur essentielle à laquelle tiennent tous les défenseurs de l’informatique libre et solidaire.

 

Vous  dites que l’informatique doit s’adapter aux réalités du territoire qui l’accueille. Essayons  alors de transposer le Logiciel Libre dans notre éducation. Que peuvent apporter les  logiciels libres dans l’éducation en Afrique ?

En Afrique, nous continuons d’investir beaucoup d’argent dans l’éducation car nous y tenons. Comme le disait Nelson Mandela : « L’Éducation est l’arme la plus fatale pour changer le monde ». Il est donc pertinent d’éduquer et de former la jeunesse africaine de façon stratégique afin qu’elle soit détentrice d’un savoir libre, afin qu’à partir de ce savoir elle puisse prévoir pour mieux agir.

Les universités et les instituts de formation devraient renoncer à l’utilisation des logiciels non libres (NDLR : nous utiliserons privateurs dans l’article pour désigner ces logiciels) dont le coût d’acquisition reste encore inaccessible. Mais cette raison est superficielle, car des raisons plus profondes devraient être présentées à la communauté éducative africaine.

Lorsque des enseignants forment exclusivement sur des logiciels privateurs dans les écoles d’ingénieurs et universités africaines, ils s’érigent en commerciaux non rémunérés et transforment leurs étudiants en potentiels clients pour ces grosses firmes éditrices de logiciels privateurs.

On ne peut pas gaspiller l’argent du contribuable à former des ingénieurs et des techniciens qui seront des consommateurs à vie des logiciels privateurs sans aucune possibilité de contribution et de créativité.

 

Est-ce à dire que les grosses firmes comme Microsoft, Apple, etc. empêchent de bien se former en Afrique ?

Pour former de très bons développeurs d’applications en Afrique, les étudiants africains doivent avoir la possibilité d’accéder aux codes sources des logiciels existants afin d’étudier leur fonctionnement. La relecture des codes rédigés par de très bons développeurs permettra à la jeunesse de monter en compétences et en connaissance.

Une autre chose importante qui se  perçoit aisément, c’est que le Logiciel Libre permet à l’étudiant de comprendre le fonctionnement réel d’un système. Mais un étudiant formé sur un système privateurs qui ne lui offre aucune possibilité d’étudier son fonctionnement, ne saura jamais comment il fonctionne et ne pourra jamais contribuer à l’amélioration du fonctionnement de ce système.

À la fin de la formation, lorsque les jeunes africains veulent se lancer dans l’entrepreneuriat, ils n’ont pas la possibilité d’avoir à coût acceptable les logiciels sur lesquels ils ont été formés. Ils sont obligés d’acheter ces logiciels ou des licences. Alors que cette jeunesse africaine veut partir de zéro.

  

Vous répétez continuellement « Jeunesse et Logiciel Libre ». Que fera cette jeunesse avec le Logiciel Libre ?

Le Logiciel Libre aux mains de la jeunesse fortifiera notre continent. La conjugaison de la culture du Libre et de la jeunesse produira dans nos universités, des technocrates « made in Africa » rompus à la résolution des difficultés de l’Afrique avec le regard africain dans un cocktail de compétences, d’indépendance, d’ouverture, de démystification, de partage, d’accessibilité et de collaboration.

On ne doit pas interdire aux élèves et étudiants de nos universités africaines de partager des codes sources de logiciels, de faire des copies de logiciel et les partager, de s’entraider. C’est malheureusement ce que nous observons. Notre jeunesse est formée dans la division, elle est éduquée à travailler et apprendre séparément dans l’individualité mais paradoxalement après leurs diplômes, on les réinvite à travailler en collaboration en entreprise.

 

Comment les logiciels libres peuvent-ils contribuer à l’insertion socio-professionnelle de cette jeunesse africaine ?

Le Logiciel Libre peut aider les jeunes africains à réussir leur insertion socio-professionnelle en créant eux-mêmes leurs propres emplois. La culture du Libre peut permettre à ces jeunes de participer à l’élaboration d’une économie numérique en se basant sur leurs connaissances, leur savoir, leurs compétences et leurs aptitudes numériques basées sur le Logiciel Libre.

Les éditeurs de logiciels privateurs vous disent aujourd’hui que lorsque vous achetez un système et que vous le partagez avec votre voisin, vous allez contre leurs lois : vous êtes un pirate !

Il nous faut donc adopter une nouvelle posture et bâtir une société citoyenne qui saura s’éloigner des logiciels privateurs lorsqu’elle ne dispose pas de moyens financiers pour acquérir une licence d’utilisation. Cela, c’est aussi être honnête !

La culture du Libre présente à la jeunesse africaine comment travailler tout en restant honnête. Le Logiciel Libre accessible et ouvert à tous sans aucune restriction permet de prototyper rapidement des idées d’entreprises en se basant sur des bribes de codes-source ouverts et modifiables. Donnons la possibilité à chaque jeune africain de créer son travail !

Offrons la possibilité à chaque citoyen de nos différents pays africains de créer son travail en se basant sur du Logiciel Libre. Il n’y aura jamais suffisamment d’emploi pour tout le monde, mais il y aura du travail pour chacun.

Cela ne sera possible qu’avec les logiciels libres qui permettent aujourd’hui à n’importe quel jeune africain de créer sa start-up à partir de zéro. Le Logiciel Libre c’est aussi rendre tangible l’intangible.

 

Quels conseils donneriez-vous à ces jeunes ?

J’ai vu des étudiants apprendre avec la peur au ventre parce qu’ils savaient qu’au soir de leur formation, ils n’auraient pas les moyens d’acheter le système sur lequel ils ont été formés. J’ai vu des parents d’élèves s’interroger sur le fait de pouvoir payer des ordinateurs avec toutes les licences logiciels dont ils besoin. C’est pour toutes ces contraintes que j’ai fait 10 recommandations à la jeunesse africaine pour l’insertion socio-professionnelle à partir du Logiciel Libre.

 

Cet article a été initialement publié sur le site internet IJSBERG Magazine : En Afrique, les logiciels libres au secours du développement


mercredi, avril 23 2014

Epicentre Coworking | Quinzaine des tiers-lieux : retour de Saint-Etienne

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Une petite délégation de Clermontois a participé hier à la journée de lancement de la Quinzaine des Tiers-Lieux organisée par nos amis de Saint-Etienne. Journée dense et occasion de belles rencontres.

Quelques témoignages très intéressants. Retenons-en juste un, venu d’Afrique : Florent Youzan, co-fondateur d’Afriworkers, souligne l’ingéniosité rencontrée chez les coworkers de ce continent : « En Afrique, dit-il, nous avons de très nombreux problèmes ; grâce au numérique, ils deviennent autant d’idées d’innovation, au service des entrepreneurs et des populations. Le numérique donne ainsi un nouveau regard sur le territoire. Par exemple il faut souvent se déplacer loin pour déclarer la naissance d’un enfant, ce que beaucoup ne peuvent pas faire ; des jeunes d’un tiers-lieu en Côte d’Ivoire ont imaginé un service très simple de déclaration par SMS, qui est le fruit d’une belle mutualisation de compétences et d’expériences. »

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jeudi, avril 10 2014

Amazing | Lyon et Abidjan se plugent à Saint-Etienne

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Cet article a été initialement publié sur le site internet AMAZING - le media participatif des Tiers-lieux : Lyon et Abidjan se plugent à Saint-Etienne

Pierre Wittorski et Florent Youzan porte des projets d’innovation sociale. Le premier à Lyon, le second à Abidjan. A Saint-Etienne, ils se sont rencontrés pour la Quinzaine. Les deux projets semblent compatibles dans une dynamique de Tiers-Lieux.

Les deux compères se sont retrouvés autour d’une table et discutent entre eux. Les pensées fusent. On peine à noter toutes les idées qui sortent du chapeau commun. Déjà, ils pensent à un système de points de fidélité : « Plus tu échange de fichiers, plus tu gagnes de crédits que tu pourras dépenser pour acheter d’autres fichiers. » L’idée d’un pack « premier achat » se dessine. Il contiendrait une clé USB ainsi que le déjà fameux Pluggy.

Pierre sait que son projet peut être adapté en Afrique, Florent sait quelles utilisations il pourra en faire. Pluggy pourrait contenir des recettes de cuisine que différentes maisonnées pourront s’échanger. Sur un plan plus business, au sein d’une entreprise les contrats ou autres fichiers nécessaires à la bonne marche de cette dernière ne seront plus cantonnées au Compact Disc. Le tout sans attendre que les antennes wifi débarquent en surnombre dans le berceau de l’humanité.

Pierre Wittorski est lyonnais. Il a fait une école dans commerce où un projet a germé dans sa tête : le Pluggy, une sorte de disque dur permettant un échange de données informatiques sans avoir recours à Internet. Le prototype, se présente sous la forme d’un dessous de verre pas plus épais qu’un smartphone et doté d’un écran tactile permettant de sélectionner les bons fichiers. L’idée est là, le projet convivial, il ne manque plus que les financeurs et les collaborateurs.

Pierre a entendu parler de la quinzaine des Tiers-Lieux par les bouches et oreilles des autochtones de la Cité du Design. Ici, les clivages entre lyonnais et stéphanois n’existent pas, la collaboration est même fortement encouragée. De même qu’avec toutes les villes de France, et même dans toutes les villes du monde. Il rencontre Florent Youzan, un Ivoirien qui s’inquiète du trop peu d’accès à la toile dans son pays. 5 % selon les estimations. L’absence d’Internet a des conséquences : il est parfois difficile de déclarer un enfant à la maternité, préfecture trop éloignée pour des pieds trop fatigués. Florent a déjà un début de solution avec ce jerrycan transformé de ses mains en ordinateur. Les pièces détachées sont récupérées çà et là, l’écran s’allume et les naissances peuvent être annoncées par le biais d’un fichier informatique. En y greffant la technologie de Pluggy, Florent donnera vie à un nouveau genre de partage numérique pour venir en aide aux villages isolés.

A long terme, Pierre a bon espoir de doper les échanges de fichiers informatiques sans avoir recours à internet. Il pense avec conviction que ce type de support physique est porteur, il suffit de savoir comment l’utiliser à bon escient. Il évoque un groupe qui, à la fin de leurs concerts, jetaient régulièrement des clefs USB au contenu inédit aux bacs dans la fosse et autorisant à disposer de ce contenu gratuit comme ils l’entendaient. Un bon coup de pub pour le groupe et une com originale. Encore plus fort, Wu Tang Clan, groupe de rap mondialement connu, qui n’a produit qu’un seul cd de son dernier album. Les enchères sont montées à trois millions de dollars. Espérons que l’acquéreur passe au Mixeur un jour, pour qu’il y diffuse son joli trésor dans nos oreilles et, pourquoi pas, dans un Pluggy.

Gilles Agnoux, contributeur Amazing


Cet article a été initialement publié sur le site internet AMAZING - le media participatif des Tiers-lieux : Lyon et Abidjan se plugent à Saint-Etienne




mardi, mars 4 2014

L'Age de faire | Jerry, le plus citoyen des ordinateurs

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Cet article a été initialement publié sur le site internet L'age de faire : Jerry, le plus citoyen des ordinateurs

Jerry est un ordinateur fabriqué dans un bidon avec du matériel de récupération. Cet objet unique, très peu coûteux, rencontre un franc succès sur le continent africain.

Fabriqué dans un bidon en plastique, agrémenté parfois d’une tête de pingouin ou de grenouille, Jerry est né en 2011, dans la très sérieuse Ecole nationale supérieure de création industrielle (Ensci), à Paris. En collaboration avec une start-up, trois étudiants ont conçu ce modèle d’ordinateur à partir de matériel informatique récupéré et placé à l’intérieur d’un jerrycan. L’objet a rencontré peu à peu son public, grâce à l’engagement d’un petit groupe adepte du numérique libre : « Avec les concepteurs de l’outil, on a monté l’association Jerry Do It Together, pour rendre Jerry disponible à tous ceux qui en ont besoin » explique Romain Chanut, cofondateur de l’association. « On promeut le «  pair à pair »   qui consiste à s’appuyer sur l’expérience de l’autre. » Ces échanges de savoirs s’opèrent au sein d’ateliers gratuits participatifs.

Au service du système de santé

A Bouaké, en Côte d’Ivoire, Jerry est arrivé comme la solution « miracle ». Dans cette ville du centre du pays, située à 350 km de la capitale Abidjan, le petit ordinateur associé à Emmabuntüs a permis de répondre à une problématique de territoire bien spécifique.
« Beaucoup de malades tuberculeux oublient de prendre leurs médicaments témoigne Florent Youzan, responsable du projet.  Au cours d’un atelier, on a appris aux étudiants à reconditionner des ordinateurs à partir d’éléments recyclés, et on a créé Jerrytub, une application open source (utilisable par tous) – (Ndlr. : pour le moment expérimentale), qui permet de rappeler aux malades à quelle heure ils doivent prendre leur traitement. » Mais Jerry a bien d’autres applications dans son bidon. Le programme expérimental M-Pregnancy, créé également à Bouaké, permettra aux femmes enceintes de recevoir sur leur téléphone portable un message leur rappelant leurs rendez-vous médicaux. Cette application devrait permettre d’améliorer le suivi des grossesses et de réduire le taux élevé de mortalité maternelle.


Le prix d'un ballon

De Bouaké à Saint-Etienne, le coût de fabrication est le même, c’est à dire quasi nul : « Nous, ça nous a coûté le prix d’un ballon pour faire la bouche de Jerry » se souvient Simon Jacquemin, médiateur numérique. En 2013, alors qu’il animait des ateliers au Centre social de Beaulieu, à Saint-Etienne, Simon a fabriqué avec des adolescents, en trois demi-journées, un Jerry baptisé Angry Birds.

Une soixantaine de Jerry ont vu le jour aux quatre coins de la planète, essentiellement en Afrique.

Nicole Gellot


Cet article a été initialement publié sur le site internet L'age de faire : Jerry, le plus citoyen des ordinateurs


dimanche, août 18 2013

Agence E-Voir | Florent Youzan, fervent défenseur du libre en Côte d’Ivoire

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Cet article a été initialement publié sur le site internet de l'Agence E-VOIR : Florent Youzan, fervent défenseur du libre en Côte d’Ivoire

Florent Youzan croit fermement au développement de L’Afrique. Pour lui, ce  développement  passe  par  la  jeunesse et  l’utilisation  du  logiciel libre. Chaque personne doit avoir la liberté d’exécuter, de copier, de distribuer, d’étudier, de modifier et d’améliorer le logiciel afin de  l’adapter  à ses  besoins  et réalités. Telle est la position de Florent.

Dans  cette  démarche,  il a  donc  associé  le  Jerry et  Emmabuntüs. Le Jerry est un ordinateur  fabriqué  à  partir de  matériaux de récupération;  le  tout assemblé  dans  un  bidon. Il peut également être utilisé comme un serveur. Emmabuntüs est  un  dérivé  du  système  d’exploitation Linux, un logiciel libre, gratuit en général, modifiable  et  adaptable  aux  réalités de  l’utilisateur.

L’utilisation combinée du Jerry et du logiciel libre Emmabuntüs permet un libre accès à l’univers des Technologies de l’Information de la Communication (TIC). Pour la promotion et la vulgarisation de cet outil,  Florent Youzan  parcourt  quartier  après  quartier, commune  après  commune, à la rencontre des  populations sur le bien fondé de l’utilisation de logiciels sur du matériel de  récupération  pour  produire du contenu.

Son  Jerry, il le porte fièrement. Il  n’hésite pas à  l’exposer. Pour  montrer  aux  uns  et  aux  autres  qu’on  n’a  pas  besoin  d’avoir  forcément  beaucoup  d’argent  pour  avoir  un  ordinateur, faire partie de la génération TIC.

Le plus important  pour  Florent  Youzan, c’est que  l’Afrique  doit  être  libre  dans  tous  les  sens du terme. Le continent ne doit donc pas passer à côté de la révolution numérique. C’est  la raison pour laquelle, à chacune des  conférences  auxquelles il  participe comme le Bouaké E-School Time 2013, il assemble pièce après pièce les composants de vieux ordinateurs et y installe le système d’exploitation Emmabuntüs. Pour donner le Jerry.

Grâce à sa  passion  pour  ‘’le  libre’’,  une  forte  communauté dénommée  le  JERRY CLAN  a vu le jour. Elle  organise  régulièrement  des ateliers de formation et des JERRY MARATHON – concours  de  construction d’ordinateur et de serveur -  pour  les  communautés  les  plus  défavorisées. Des moments de partage de connaissance et de créativité, puisque chaque participant peut adapter le Jerry à ses goûts et réalités.

Cet article a été initialement publié sur le site internet de l'Agence E-VOIR : Florent Youzan, fervent défenseur du libre en Côte d’Ivoire

vendredi, juillet 6 2012

Groupe Numéricable SFR | Afriworkers, le réseau de télétravailleurs africains

Afriworkers, le pari d’un homme pour développer le télétravail et le coworking et lutter contre le chômage en Afrique.

Afriworkers est une plateforme web dédiée à la promotion et au développement du télétravail en Afrique. Créée en 2011 par Florent Youzan, informaticien et créateur d’entreprises en Côte d’Ivoire, elle s’est désormais étendue dans près d’une douzaine de pays africains.

Mutualiser les compétences en Afrique

Dans une interview donnée en juillet 2011 au site Zevillage.net, partenaire d’Afriworkers, Florent Youzan décrit lui-même la plateforme comme l’annuaire des télétravailleurs africains. Elle permet en effet aux demandeurs d’emploi, aux diplômés et aux étudiants de créer leur profil, et aux entreprises de proposer des offres de travail. L’idée étant de mettre en contact ces personnes, de mutualiser leurs compétences, afin de créer des opportunités d’emploi. Les membres du réseau ont aussi la possibilité de constituer des équipes de travail, dans un véritable esprit de coworking, qu’ils habitent la même ville ou des pays différents.

Mais les services d’Afriworkers ne s’arrêtent pas là. Le site offre en effet des informations sur l’actualité du télétravail, ainsi que des formations pour ses membres.



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jeudi, mars 1 2012

Eworky Blog | « Le télétravail et le coworking sont des moteurs de l’économie ivoirienne »

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Nous avons eu la chance d’interviewer Florent Youzan, web entrepreneur et fondateur du réseau Afriworkers, une plateforme de promotion de l’emploi en Afrique par le biais du télétravail, du coworking et de la mutualisation des compétences. Grand acteur du développement des TIC en Afrique, Florent Youzan nous livre son analyse du déploiement des nouveaux modes de travail en Côte d’Ivoire, et plus largement en Afrique de l’ouest : leur impact sur l’économie et leurs évolutions possibles, à l’ère du nomadisme permis par les nouvelles technologies.



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jeudi, août 25 2011

Zevillage | Le télétravail en Afrique avec Afriworkers

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Florent Youzan est informaticien et créateur d’entreprises en Côte d’Ivoire. Malgré la récente période de troubles politiques (au moment de l’interview Florent était resté enfermé 15 jours chez lui), il vient de  lancer Afriworkers, un annuaire de télétravailleurs africains.

Florent est convaincu que le télétravail est une chance pour les Ivoiriens et, plus largement, pour les Africains. Un accès à distance à des missions qu’ils ne trouvent pas dans leurs pays.

Il prépare d’autres projets et en particulier des manifestations pour sensibiliser le monde économique de son pays aux bénéfices du télétravail.

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