
Chaque jour en Afrique, des communautés ascendantes célèbrent les logiciels libres. Des moments de communion Libre pour une action commune afin de maintenir la flamme du libre et de l'Open Source en Afrique !
Mais qu’est-ce que le logiciel libre ?
C’est tout simplement un logiciel dont l'utilisation, l'étude, la modification et la duplication en vue de sa diffusion, sont permises, techniquement et légalement. Ceci afin de garantir certaines libertés induites, dont le contrôle du programme par l'utilisateur et la possibilité de partage entre individus. Trois notions fondamentales à retenir de cette définition: Le partage (par la non-appropriation), la construction et l’apprentissage par l’intelligence collective.
A défaut, tout logiciel nouvellement conçu, quel que soit son degré de performance sera utilisé par un nombre restreint de personnes, aucun utilisateur ne sera en mesure de l’adapter ni de le corriger, les autres développeurs ne peuvent rien en apprendre et il est strictement impossible d’entamer un nouveau projet en se basant dessus… Pourquoi ? Car les codes sources sont privés, l’on aura préféré miser sur l’individualité ! Oui, le constat navrant que nous faisons aujourd’hui est que notre jeunesse est formée dans la division, la compétition, elle est éduquée à travailler et apprendre dans l’individualité mais paradoxalement une fois en entreprise, on la réinvite à travailler en équipe. Il nous faut donc adopter une nouvelle posture et bâtir une société citoyenne qui saura s’éloigner des logiciels privateurs lorsqu’elle ne dispose pas de moyens financiers pour acquérir une licence d’utilisation. Cela, c’est aussi être honnête !
Nous parlons donc aujourd'hui de la culture du Libre, qui nous permet de sortir le logiciel libre des laboratoires, des hackerspace et des Fablabs, de le mettre entre les mains du citoyen et adresser son quotidien de manière concrète. Avec le logiciel libre vous comprenez que l’informatique ne s’impose plus aux utilisateurs, il réussit à s’adapter aux réalités de chaque territoire qui l’accueille. C’est une valeur essentielle de l’informatique libre et solidaire.
En Afrique, il est plus pertinent d’éduquer et de former la jeunesse de façon stratégique pour qu’elle soit détentrice d’un savoir libre, afin qu’elle puisse, infine, à partir de ce savoir, prévoir un lendemain contextuel pour mieux agir avec un regard endogène.
En Afrique, pour des raisons plus profondes que nous ne cesserons de présenter à la communauté éducative africaine, nos universités et nos écoles d'ingénieurs devraient renoncer à l’utilisation des logiciels privateurs. Lorsque des enseignants forment exclusivement sur des logiciels privateurs, ils s’érigent en commerciaux et transforment leurs étudiants en futurs clients pour toutes ces sociétés éditrices de ces logiciels. On nous dit qu'il faut aux logiciels des propriétaires parce que cela conduit à en produire plus. Mais cet argument reste, encore une fois, bien que quelque peu légitime, tout à fait économique pour ne pas dire, capitalistique… demandons-nous plutôt de quoi la société a-t-elle réellement besoin. Nous y répondons : la société a besoin d'encourager l'esprit de coopération volontaire de ses citoyens et « les écoles doivent apprendre à leurs élèves à devenir les citoyens d'une société forte, compétente, indépendante et libre ».
En Afrique, nous ne pouvons plus nous permettre de gaspiller l’argent du contribuable en formant des ingénieurs et des techniciens qui seront des consommateurs à vie des logiciels privateurs sans aucune possibilité de contribution et de créativité. Pour former de très bons développeurs d’applications, les étudiants africains doivent pouvoir avoir la possibilité d’accéder aux codes sources des logiciels existants afin d’étudier leur fonctionnement et les articulations internes. La relecture des codes rédigés par de très bons développeurs permettra à la jeunesse africaine de monter en compétences et en connaissances.
Une autre chose importante qui se perçoit aisément, c’est que le logiciel libre permet à l’étudiant qui accède aux codes sources, de comprendre le fonctionnement réel d’un système et de pouvoir l'adapter. Un étudiant formé sur un système privateur qui ne lui offre aucune possibilité d’étudier son fonctionnement, ne saura jamais comment ce système fonctionne et ne pourra jamais contribuer à l’amélioration de son fonctionnement.
Le logiciel libre aux mains de la jeunesse fortifiera notre continent sur une bonne dimension numérique, soyons-en convaincus ! Avec la culture du libre, notre jeunesse produira dans nos universités, des makers rompus à la résolution des difficultés de l’Afrique dans un cocktail de compétences, d’indépendance, d’ouverture, de démystification, de partage, d’accessibilité et de collaboration.
Offrons la possibilité à chaque citoyen de nos différents pays africains de créer son travail en se basant sur du logiciel libre. Il n’y aura jamais suffisamment d’emploi pour tout le monde, mais il y aura du travail pour chacun. Le logiciel libre c’est aussi rendre tangible l’intangible ... Merci à tous ces makers africains pour leur engagement autour du logiciel libre.
You're Root, Soyez forts, restez passionnés !
Par Florent Youzan et Hanae Bennani
Cet article a été initialement publié sur le Blog Jeudenotes.com