Les dirigeants africains doivent prendre connaissance des réalités par le numérique
Publié le mercredi 01 avril 2015, 14:02 - modifié le 28/06/15 - Actualités - Lien permanent
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La jeunesse africaine veut révéler son engagement pour le numérique aux dirigeants africains, qui ne mesurent pas le rôle joué par les jeunes dans la transformation sociale des territoires. Dans certains pays africains, la jeunesse n'est utile qu'en période électorale ! Triste réalité, pâle projection du futur africain, maigre moisson intellectuelle pour ces dirigeants en perte d'audience citoyenne et à la recherche d'une boussole électorale ... mais la jeunesse veille.
Certains jeunes africains ont décidé de prendre leur destin en main, c'est le cas de la jeunesse du Burkina-Faso. J'ai eu l'agréable plaisir de rencontrer, Malick Lingani lors du forum de l'innovation « Innovafrica Étape Ouagadougou » qui a eu lieu du 28 mars au 1er avril 2015. Un forum qui a réuni les jeunes innovateurs burkinabé avec une forte participation de la jeunesse sous-régionale venue du Mali, du Togo, du Bénin, du Niger et de la Côte d'Ivoire. Malick est développeur d'applications et il présentait lors de ce forum l'initiative « Open Data » de l'association Beog Neere. D'un ton calme, enrôlé d'une articulation appréciable et soutenu d'une assurance hors du commun, Malick nous parle des données ouvertes et Libres.
On s'attendait à des aspects techniques mais l'articulation de son discours au tour de la philosophie du logiciel libre laisse percevoir un paysage fortement dominé par l'enjeu des données libres et accessibles dans le développement des territoires africains. « Nous disposons d'outils permettant aux décideurs et dirigeants africains d’apprécier clairement comment et pourquoi intervenir dans le développement les zones rurales du Burkina », explique Malick Lingani. Plantant ainsi le décor de son engagement pour le développement intégré des territoires africains. La richesse de Malick est sa compétence technique et ses armes pour le renouveau de l'Afrique sont le numérique et l'Open Data. Qui l'aurait cru ?
Malick présente les nouvelles armes à la disposition de la jeunesse africaine, permettant de réussir le développement social africain. «Lorsque nous disposons des données, nous pouvons mieux intervenir et libérer la créativité qui apportera le développement en Afrique», développe Malick Lingani dont le discours installe l'assistance dans un silence de cathédrale.
Malick et ses amis de l'association Beog Neere ne veulent plus assister à l'écriture de l'histoire du Burkina-Faso, qui se définie avec des contours hésitants par manque de schéma libre et citoyen d’évaluation stratégique de l'indice de développement social. Ils ont donc mis en place une plate-forme et des outils libres de recueil de données dans les domaines de l'éducation, de la santé et de l'eau potable. Le déploiement d'une phase pilote leur a permis de piloter un projet de déclaration de naissance par SMS initié avec des partenaires et qui est en application dans une commune rurale du centre-nord du Burkina-Faso. Une autre phase pilote de recueil de données libres et accessibles sur le travail des enfants leur a permis d'affiner leurs outils de collecte et d'analyse des données via le mobile. Malick Lingani présente les données comme la nouvelle ressource naturelle pour l'Afrique : « Nous avons certes des ressources naturelles en Afrique tels que l'or et le pétrole mais, à l'heure des données nous ne devons pas être les derniers ».
La présentation mélodieuse de l'initiative « Open Data » de l'association Beog Neere finie par un rêve. Un rêve que Malick a tenu à partager avec toute la jeunesse africaine présente à Ouagadougou : « Rêvons d'une Afrique dans laquelle les dirigeants prennent connaissance des réalités par le biais des données ouvertes produites par les citoyens ».
Tant que l'Afrique ne sera pas capable de mesurer et évaluer son environnement, elle ne pourra pas s'offrir un lendemain meilleur.
Florent
YOUZAN