Nous avons trop de problèmes à résoudre en Afrique, pour chercher à créer le facebook africain !

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La question de l’innovation fait débat en Afrique et plusieurs observateurs la présentent comme une panacée. L’innovation ne doit pas être présentée comme une finalité mais plutôt le début d’un long processus, longuement mûri et peaufiné avec des objectifs clairs. Ce processus doit être inspiré par des acteurs de proximité, il doit être porté par une communauté et embarqué par plusieurs intelligences connectées et profondément basées sur la diversité (l’autre richesse méconnue).

Nos populations qui se trouvent dans les zones reculées, ne sont pas toutes analphabètes, leur intelligence et leurs capacités d’analyses ne sont pas non plus en berne. On entend trop de préjugés qui confinent les initiatives et les expérimentations, alors que la richesse de l’expérimentation c’est le fait que menée par la passion, elle fonce, se crée un chemin loin des sentiers battus avec un objectif qu’on voit fleurir à chaque pas inconnu.

Il est vrai que certaines populations n’ont peut-être pas les codes pour comprendre ce nouveau monde consumériste, qui accélère à chaque mouvement de la plus fine des aiguilles de l’horloge. Ce monde est certes défini par des chiffres et des lettres mais, il y a une sève qui manque à cette belle nature : c’est l’humanité. Car les peuples restent la meilleure source du bonheur. Ces populations ont leurs codes propres à elles, qui alimentent chaque instant de leur quotidien et réinventent aussi leur futur de manière endogène.

Dans une démarche d’innovation, nous devons comprendre que ce qui nous manque pour appréhender les contours de notre démarche se trouve chez celui qui est en face de nous. Nous devons absolument nous installer dans une démarche ouverte qui consiste à s’appuyer sur l’intelligence collective avec au cœur de toutes nos réflexions, ces populations qui redessinent le futur de leur quotidien.

Si nous voulons mettre en place, un dispositif ou un schéma de développement pour nos populations africaines, nous avons besoin de mieux les connaître, de clairement identifier leurs besoins et de prendre en compte leurs profondes aspirations. Afin, de mettre entre leurs mains des produits et des services qui répondent de manière concrète à leurs besoins.

L’Afrique a longtemps été présentée comme le continent de toutes les difficultés, le continent sur lequel il n’y a que guerres, famines, épidémies, tristesse et désolations ! Laissez moi vous dire que ce continent est en train de vivre une profonde transformation par ses filles et ses fils, qui arrivent à le présenter clairement comme le continent de la résilience créative et le carrefour des possibles. Ceux qui refusent de changer de perception sur ce continent estiment qu’il est inondé de problèmes mais, je dois vous le dire et cela choquerait peut-être certains d’entre vous, l’Afrique est riche de ses problèmes. Il nous faut changer notre regard sur l’Afrique. Le futur n’est pas en berne en Afrique !

L’innovation en Afrique ne doit pas s’embellir de ce que la technologie est en mesure de faire mais, elle doit s’appuyer sur chaque opportunité que nous pouvons extraire de nos problèmes, de nos difficultés et de nos divergences. Il faut que la jeunesse qui pense innovation et créativité comprenne d’abord quels sont les problèmes des africains et décline chaque problème en une opportunité. Je fais une nette différence entre la créativité et l’innovation. La créativité appelle à un changement de perception et l’innovation consolide notre capacité à changer le quotidien de nos populations ! J’invite tous les jeunes porteurs de projets en Afrique, a juste changer de perception sur nos problèmes. Chacun de nos (nombreux) problèmes est une opportunité immense à laisser fleurir. Et pour faire diffuser le parfum de cette opportunité, nous avons le numérique qui est une véritable aubaine. Mais le numérique doit se conjuguer avec notre culture et nos aspirations. N’oublions pas que si le numérique est considéré comme un outil d’accélération de notre développement, il doit s’adapter et s’adopter !

Notre mission fondamentale est de faire en sorte que les services et les produits que nous créons en Afrique et pour les africains, changent le quotidien de nos populations. Si vous créez un excellent service et que cela ne change pas le quotidien des populations, ne s’adapte pas à leur réalité, et n’arrive pas à être adopté par ces populations, cela est tout sauf une innovation. C’est ainsi que nous devons comprendre l’innovation en Afrique ! Nous avons trop de problèmes à résoudre en Afrique, pour chercher à créer le facebook ou le whatsapp africain ! Croyez moi le fondamental est ailleurs et l'essentiel est à saisir ...

Florent Youzan

Auteur·rice : Florent Youzan

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