Quel est le rôle d'un citoyen dans le développement des territoires ? Comment les citoyens peuvent-ils se rendre utiles ? Est-ce possible d'évaluer l'impact des actions citoyennes ? Voici autant de questions que se posent beaucoup de citoyens africains, questions que je me pose moi aussi. Dans ce billet, loin de donner de profondes réponses à ces questions, je voudrais relever des faits simples et bénévoles qui pour moi revêtent un caractère citoyen. C'est donc sous le reflet d'un atelier de cartographie sous OpenStreetmap, qui s'est déroulé le samedi 24 août 2013 à Marcory, que j'imprime ce billet ; un atelier qui selon moi, mérite d'être porté à la lumière.
Sans tambours ni trompettes, des citoyens africains, fleurtent avec les Logiciels Libres, qui leur donnent la possibilité de se mettre au service des populations et des territoires. Un exemple tangible, est l'utilisation d'OpenStreetMap, ce logiciel libre de consolidation de base de données cartographiques, pour la production de données géographiques libres et accessibles à tous. En effet, depuis environ 4 semaines, des jeunes citoyens ont décidé à travers des rencontres, de recueillir sur le terrain, des données géographiques permettant par la suite de définir le profil environnemental des rues et quartiers d'Abidjan. Ces rencontres deviennent une sorte de mode.
Il y a 3 semaines,
c'était la commune d'Attécoubé sous l’impulsion de Sébastien
YAPO , qui cartographiait ses rues et surtout ses
zones d'habitation à risques. Le week-end dernier, c'était au tour de la commune de Marcory de numériser librement ses rues. Des gestes
simples mais qui élaborent les prémices de ce qui deviendra demain le
profil environnemental numérique de la ville d'Abidjan. Une chose
importante à souligner, c'est que ces acteurs sont tous des
bénévoles. Ils ont choisi librement de cartographier les rues
d'Abidjan pour offrir au monde entier des données libres et
réutilisables sans aucune restriction.
Pour étancher ma grosse soif de curiosité, j'ai demandé à ces mappers[1] de m'expliquer pourquoi cette débauche d’énergie pour la production de données cartographiques. Tous parlent d'une même voix : « … nous voulons nous sentir utiles et surtout revendiquer la présence de l'Afrique dans l'édification d'une société de l'information, par des actions concrètes. ». On perçoit aisément que les organisateurs de ces rencontres de cartographie, ont un message plus profond à transmettre : « chaque citoyen peut et devrait cartographier sa rue » .
Mais à quoi pourrait
servir les données géographiques que recueillent ces citoyens ?
Pour répondre à cette interrogation subtile, j'ai décidé de m'en
tenir à la conclusion de la « Carto-Party » qui a eu
lieu à Attécoubé. Des zones d'habitation à risques ont été
cartographiées, des rues avec des caniveaux d'évacuation bouchés
ont été cartographiées, des points d'eaux usées ont été
relevées, afin d'alerter les services techniques de la mairie.
Ces données produites
pourraient aider l'Office Nationale de la Protection Civile (ONPC) dans sa mission de protection des populations ; Le plan
ORSEC[2] pourrait se nourrir de ces données produites par
les citoyens et régulièrement mises à jour.
Les Sapeurs-Pompiers ou les associations de secours comme le SAMU pourraient se baser sur les données cartographiques récoltées par les citoyens pendant leurs interventions d'urgence.
Avez-vous été confronté une nuit à une urgence qui sollicite une intervention de médecins d'urgence à votre domicile malheureusement non adressé ? Le médecin pourrait utiliser une version embarqué d'OpenStreetMap sur son mobile pour retrouver votre rue.
Avez-vous observé un
retard accusé par les forces de police ou la brigade de sécurité
de la gendarmerie, lors d'une intervention d'urgence en cas de
braquage dans votre rue, parce qu'ils ont eu du mal à se retrouver ?
OpenStreetMap, et les données géographiques produites par les
citoyens pourraient être embarqués sur des tablettes d'intervention
disponibles dans les véhicules d'intervention des forces de police.
Mais pour en arriver là, il faut déjà avoir des données librement disponibles sur OpenStreetmap. D'où la pertinence de contribuer au système libre de données géographiques.
Florent YOUZAN
Notes :
[1] mapper : celui qui cartographie des rues
[2] Le dispositif Orsec a remplacé les plans d'urgence pour la gestion des catastrophes à moyens dépassés (CMD)
Références :
Crédit Photo : Emmanuel BAMA (Creative Commons By SA)