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Un bâtisseur du renouveau africain disait : « L’éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde ». Cette claire vision alimente chaque minute de mes longues journées et pour ceux qui m'ont tutoyé, ils savent que je ne crois plus en l’Éducation descendante, qui est devenue pour moi un transfert de récits et non un transfert de savoirs.

Et cela pour plusieurs raisons que je présenterai dans mes prochains billets ! Je pense que l’éducation doit connaître une profonde mutation et devenir ouverte et transversale tout en réinstallant l'apprenant au cœur du dispositif. Celui pour qui nous (re)pensons les gros schémas directeurs de l'éducation est d'abord un être étranger pour nous et un acteur absent dans le dispositif qui est sensé l'accueillir. Pourquoi attribuons nous à l'apprenant, le vulgaire rôle de figurant alors qu'il est l'acteur essentiel et primordial de son éducation.

Je suis toujours surpris lorsque je vois qu'on continue de former globalement des citoyens mais paradoxalement avec des évaluations sanctionnées par des résultats individuels. Ce n'est plus de cette éducation que nous nous réclamons !

Rabindranath Tagore disait : « ne limitez pas un enfant à vos propres connaissances, parce que qu'il naît à une époque différente de la vôtre » et c'est ce qui arrive quand on veut éduquer quelqu'un qu'on ne connaît pas et pour qui on a aucune compassion. La compassion, pour ceux qui l'ignorent encore, fait partie des piliers de l'éducation et du transfert de savoir.

J'ai tout de même pris la peine malgré ma vision de l’éducation inversée, d’écouter des intellectuels africains, des penseurs et chercheurs dans le domaine de l’éducation. J'ai gardé leurs recommandations dans le secret des pages de mon calepin, malheureusement jaunies à l’épreuve du temps. Mais 12 mois plutard , j'ai décidé de donner du son à mon clavier et retranscrire ce qui reste de mes analyses.

Nous avons parlé d'innovation, nous avons parlé d’éducation et nous avons donné une coloration africaine à la place de l’éducation dans l’émancipation des intelligences , la modélisation de la stature de l'africain nouveau et de l’émergence de véritables nations africaines. Quand je parle d’éducation ou que j’écoute les grandes conférences sur l’éducation, je reste à attendre une formule expressive ressemblant à celle-ci : « faire les choses à l'endroit et par nous-même ». Ce n'est pas de l’extérieur que nous formulerons les stratégies du succès de l’éducation en Afrique, mais c'est sous les grands arbres de la fière Afrique que nous esquisserons les contours de l’éducation basée sur l’éthique, la compassion et le savoir.

Les adeptes des raccourcis, mentionnent souvent que nous formons nos enfants pour leur trouver de l'emploi. Je n'ai jamais été d'accord avec ces pseudo-planificateurs de l'avenir de notre continent. Marie-Angelique Savane le dit clairement chaque fois qu'elle a l’occasion de s'adresser aux intellectuels africains : « rien n'est possible sans une armée de citoyens éduqués ayant en conscience de transformer notre société » ; Chacun de ses discours a toujours sonné comme une mélodie pour moi. J'apprécie énormément qu'elle recommande aux africains de conjuguer Éducation et Innovation. Car , comme l'explique bien Salman Khan: « notre façon d'enseigner et d'apprendre doit changer ». Pour que l'Afrique soit prospère et paisible, nous devons allier éducation et innovation car l'innovation se trouve dans les choses simples et c'est elle que nous devons enseigner à nos enfants.

Pourquoi relions nous l'avenir de l’Afrique au système éducatif traditionnel ? Nous avons fortement accentué l’éducation avec un système qui présente aujourd'hui des limites et amène tout le monde à se réfugier dans un emploi sans réelle possibilité de contribuer par ses compétences et son savoir à une société de biens communs. Le système traditionnel s'appuie sur une éducation passive alors que notre ère nous exige d'adopter une démarche active qui réinstalle l'apprenant au cœur du dispositif. C'est lui que nous devons chercher à connaître, à comprendre et c'est à lui que nous devons offrir les codes sources de cette éducation active afin qu'il la comprenne, l'adapte et l'adopte pour la révélation de ses aptitudes.

C'est justement de cela qu'il s'agit !

Si nous voulons une éducation selon une démarche active, nous éduquons donc à l'innovation. Et si nous devons enseigner l'innovation, il faut alors lui donner un contenu !

L'innovation dans l'éducation se perçoit selon 3 axes :

  • Devons-nous préparer nos jeunes à absorber l'innovation venue de l’extérieur sans possibilité de contribution et d'adaptation ? L'Afrique doit-elle être un consommateur à vie ?

  • Nous devons induire une transformation sociale profonde pour que notre jeunesse soit capable d'innover tout en ayant la capacité d'adapter les technologies aux réalités locales. Je parle ici de technologie et non de technique car la technologie est l'addition de la technique et du logos. je reviendrai sur cet aspect dans un prochain billet.

  • Planifier l'adoption de l'innovation dans le système éducatif. Quel regard devons-nous porter sur le système éducatif. Nous devons innover, oui, mais pour quels métiers ?

Le métier de demain n'a pour l'instant pas de visage pour plusieurs dirigeants africains et c'est pourquoi tous, veulent trouver de l'emploi à toute la jeunesse et cela fait 50 ans que l'Afrique recherche de l'emploi pour toute sa jeunesse. Et si nous essayions d’enseigner la notion du travail plutôt que de l'emploi aux jeunes africains ?

Il n'y aura jamais suffisamment d'emplois pour tous, mais il aura toujours du travail pour chacun !


Florent YOUZAN

Notes -  Crédit photo : Blog .fcpq.qc.ca