L'innovation est aussi sociale et pas que technologique comme plusieurs acteurs laissent percevoir. L'innovation touche tous les secteurs d'activités et de la vie, et ainsi, ne doit pas être portée que par une élite. L'adoption d'une approche systémique dans la mise en place d'un écosystème de l'innovation doit honnêtement être envisagée. L'innovation est trop importante pour qu'elle reste la chasse gardée des scientifiques et des techniciens.
Et le citoyen dans tout cela ?
L'innovation se conjugue au pluriel ! Nous devons comprendre que l'innovation sera aussi la transformation de chaque citoyen et par induction de notre société, en bâtissant les fondements de l'innovation sur la formation et l’Éducation d'une masse critique de jeunes africains à la notion de l’innovation.
Nous devons aider les gouvernements à faire ce qu'ils doivent faire et non ce qu'ils ont envie de faire. Cette vision est parfaitement partagée par Joaquin Chissano, ancien président du Mozambique : « nous devons encourager l'art de faire les choses différemment en Afrique ». L'innovation doit être certes encadrée et favorisée par les gouvernements mais elle reste une émanation du peuple. Nous devons demander et obtenir des dirigeants, le passage de la parole d'accompagnement à l'action. Et cette action doit se fortifier par des choix stratégiques qui proviennent de l’élaboration de politiques, sur la base de l’évidence, avec des indicateurs de mesures de performance tangibles et accessibles à tous. « Nous devons recommander aux états d'organiser des secteurs fortement tournés vers l'innovation », comme le conseille le président Joaquin Chissano. Nos dirigeants ont toujours mis en avant le manque de moyen d'accompagnement mais certains gouvernements ont réussi à faire bouger les lignes rien que par la volonté. C'est le cas du gouvernement du Rwanda comme l'explique le Président Paul Kagamé : « Lorsqu’il y a la volonté, on trouve toujours les voies et les solutions ».
L'innovation, en plus d'être aussi
sociale, doit s'inscrire dans une vision
à long terme tout en favorisant le dialogue et la collaboration
horizontale. C'est ce que le Président Paul Kamagé du Rwanda
enseigne à toute l’Afrique : « nous devons faire les
choses autrement, prospecter auprès des populations pour recenser
les innovations endogènes capables de conduire à la transformation
de l'Afrique ».
Lorsqu'un gouvernement s'engage à favoriser l’éclosion d'un écosystème favorable à l'innovation, il doit savoir s'ouvrir et faciliter des consultations au quotidien. Il doit s'ouvrir aux propositions des communautés, des leaders et même du citoyen lambda. Ces acteurs qu'ils oublient dans leur plan stratégique, ont une forte richesse constructive à communiquer et à transmettre. Ils seront les vecteurs de l'innovation adaptée et adoptée, qui répond de manière concrète aux problèmes rencontrés. La diaspora, ce regard de l’extérieur qu'on ignore souvent, saura aussi imprimer un autre regard sur nos problèmes et besoins. Les gouvernements ne gagneront rien à être renfermés dans leurs réflexions sur l'innovation parce qu'aucun de nous n'a la science infuse. « L’innovation n'est possible si nous restons fermés ... », soutient le président Jorge Carlos Fonseca du Cap-Vert.
Florent YOUZAN