Obin Guiako, jeune acteur pour la promotion du Logiciel Libre en Côte d'Ivoire, Co-fondateur et président du FabLab BabyLab à Abidjan, est détenu au commissariat du 8ème arrondissement de Cocody Abidjan par la DITT (Direction de l'Informatique et des Traces Technologiques), depuis le lundi 16 novembre 2015, suite à une plainte de son employeur, M. Ahmed OMAIS, Directeur Général de la société Africa Connect, pour vol de données informatiques et concurrence déloyale.
Obin Guiako est donc détenu depuis maintenant 3 jours, avec Dimitri Beugré l'un de ses collègues. Ils sont tous deux co-fondateurs du Laboratoire de Fabrication numérique (FabLab) BabyLab, situé à Abidjan, dans la commune d'Abobo-Gare, précisément dans le quartier des « Cours Sociaux ». BabyLab est une jeune communauté qui milite pour la Libre Fabrication Numérique et l’utilisation des logiciels libres autour des travaux collaboratifs.
Obin Guiako assure la veille technologique depuis un peu plus de 4 ans pour le compte de la société Africa Connect, dans le suivi en temps réel des véhicules équipés de systèmes de localisation par GPS.
Informé ce mardi 17 novembre de l'arrestation d'Obin Guiako et Dimitri Beugré, nous nous sommes rendus au poste de police du 8ème arrondissement , où nous avons pu rencontrer ces jeunes qui est à la base de la communauté de fabrication numérique libre du quartier défavorisé d'Abodo-gare. Mais, avant de nous entretenir avec les jeunes makers, nous avons rencontré sur les lieux quelques membres de leurs familles qui avaient déjà eu plusieurs contacts avec l'employeur, dans l'intention d'obtenir de ce dernier, un retrait de sa plainte. Le Directeur Général d'Africa Connect a laissé entendre à la famille d'Obin Guiako qu'il reprochait à ce dernier d'être le cerveau d'une intelligence malsaine au sein de son entreprise. Il reproche à Obin Guiaka avec des preuves à l'appui qu'il aurait confiées à la DITT (mais que nous n'avons pas pu vérifier), d'avoir créer depuis 2014, une entreprise virtuelle qui aurait détourné la quasi totalité de ses clients, ce qui aurait engendré une chute vertigineuse de son chiffre d'affaire.
Une grosse perte qui aurait contraint Africa Connect à se séparer d'une dizaine de ses employés, selon les dires de M. Ahmed OMAIS. Obin Guiako et son équipe se seraient aussi rendus coupables selon son employeur, de l'utilisation frauduleuse des infrastructures et équipements de la société Africa Connect à des fins personnelles. Après avoir entendu tout ce chapelet d'accusations, nous avons tenu à discuter avec Obin Guiako, pour l’écouter et entendre aussi sa version des faits. Chose qui a été possible avec la permission des officiers de police qui étaient en service. D'un ton calme et rassurant, le jeune leader comme le présente BSFCampus, nous donne sa version des faits.
Dans le cadre de son boulot, il utilise un ordinateur portable mis à sa disposition par son entreprise mais qu'il pouvait aussi ramener chez lui à domicile et sur lequel il pouvait mettre ses documents personnels. Alors qu'il descendait le vendredi dernier du boulot, l'entreprise lui a demandé de laisser son ordinateur portable au bureau pour un inventaire afin d'un éventuel remplacement des équipements de travail. Le lundi suivant , alors qu'il finissait une formation avec le programme Jeune Leader de BSFCampus, Obin Guiako est arrêté par des agents de la PLCC (Plate-forme de lutte contre la Cybercriminalité) afin de répondre à une convocation. C'est ainsi qu'il est informé de la plainte formulée contre lui par son employeur M. Ahmed OMAIS et de la saisie par la DITT de son matériel de travail qui avait été retenu au bureau non pas pour des inventaires des outils de travail mais en réalité pour des besoins d'enquête. Il a été découvert dans cet ordinateur passé au peigne fin par les spécialistes de la PLCC, une offre commerciale à un client d'Africa Connect avec des enseignes commerciales de Digital Hub une petite entreprise qu'Obin Guiako et ses amis du FabLab d'Abobo-gare ont créée pour soutenir financièrement les activités et quelques uns de leurs projets dans cet espace d'innovation au profit des jeunes désœuvrés et déscolarisés de la commune d'Abobo-gare. L'offre n'avait absolument rien à voir avec les activités d'Africa Connect et ne filrtait aucunement avec l'intelligence metier, l'expertise et les compétences d'Africa Connect. Son employeur s'interroge aussi de la présence sur sa machine d'une base de données des clients d'Africa Connect.
Je connais Obin Guiako comme un acteur pour la promotion des logiciels libres dans les zones défavorisées. Je le tutoie au quotidien comme ce jeune qui lutte pour une inclusion numérique par les technologies libres et les communautés ascendantes. Il reste pour moi, un jeune leader et le porteur du projet Kid Lab, un programme d'aide et d'initiation à la programmation et au bricolage électronique pour les enfants de 8 à 15 ans dans le cadre du programme BSF Campus. Il a d'ailleurs été l'une des chevilles ouvrières du projet « Africa Code Week » en Cote d'Ivoire, offrant de son temps, son énergie et sa passion aux couleurs de sa détermination pour la réduction de la double fracture numérique que vit la Cote d'Ivoire.
A mon tour, de me poser des questions !
Comment peut-on demander à un développeur qui travaille sur des systèmes de gestion de localisations des clients par GPS, de justifier la présence de la base de données des clients sur son ordinateur ? Je rappelle qu'Obin et Dimitri font du support client !
Le système d'exploitation sur l'ordinateur portable d'Obin Guiako est-il un système libre (GNU/Linux) ou propriétaire, et s'immerge t-il dans la loi de protection des données à caractères personnelles ?
La seule offre commerciale qui aurait été découverte sur l'ordinateur d'Obin Guiako aurait-elle suffi pour être la cause du licenciement d'une dizaine de salariés de la société Africa Connect comme l'indiquerait son Directeur Général ?
Quelle est la définition juridique du vol des données informatiques en Cote d'Ivoire ? Comment peut-on voler des données si l'ordinateur de détention des données est identique à l'ordinateur du receleur ?
Est-ce que le succès du fablab Babylab dirigé par Obin Guiako qui a déjà reçu plusieurs délégations d'ici et d'ailleurs, dont celles des décideurs du groupe Société Générale et de la Secrétaire d'Etat française au Numérique Madame Axelle Lemaire qui a présenté ce Fablab comme un exemple d'innovation ascendante dans un quartier défavorisé comme Abob-Gare, ne serait-il pas à l'origine de la mauvaise lecture que fait la société Africa Connect ?
Est-ce que le fort coup de projecteur dont bénéficie Babylab avec des dons qui lui parviennent des communautés de promotion des logiciels libres du monde se serait-il pas à l'origine de ce malentendu ?
Doit-on museler par la prison des jeunes qui ont des initiatives par le logiciel libre dont l'impact se fait déjà ressentir au sein d'une jeunesse désœuvrée dans un quartier populaire et défavorisé comme Abobo-Gare ?
Nous connaissons l'histoire de nos communes qui ont aujourd’hui du mal à offrir du rêve à leur jeunesse mais nous ne connaissons pas l'histoire de ces acteurs isolés et méconnus qui tissent un autre type de rêve pour nos jeunes. L'histoire de ces acteurs nous devons l’écrire ensemble ! Si vous pouvez à quelque niveau que ce soit, agir et participer à un meilleur dénouement de cette affaire #ObinGuiako et #DimitriBeugre de vol de données et de concurrence déloyale, votre appui sera très apprécié.
Les heures passent, les minutes s’épuisent, Obin Guiako et Dimitri Beugré sont sur le point d’être déférés ce jour. Nous espérons que la lumière sera faite sur cette autre affaire de vol de données.
Florent YOUZAN
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