L'Agilité, encore un autre buzzword mais, que j'ai décidé de regarder depuis ma fenêtre d'africain. Il est peut-être l'heure d'en parler sous un autre angle et avec le regard que je porte sur la question. L'Afrique reste un continent dont le potentiel continue de surprendre, avec des marchés sur lesquels les utilisateurs détournent des offres, les redéfinissent et les consomment à leur manière. Sur un tel périmètre business, lorsqu'on s'engage dans la réalisation de produits et services, cela doit s'accompagner d'une politique de conduite du changement.
Les contraintes de chaque jour, rendent les besoins changeants. Hier est différent d'aujourd'hui et sera demain une autre page à piètre allure et cela se ressent clairement et profondément dans les offres qui sont obligées de s'adapter. S'adapter, reformuler, réactualiser, écouter les besoins, appréhender les consommations, comprendre les habitudes, circonscrire les volontés insoupçonnées, ... ce sont peut-être des principes simples mais, pour vivre et exister en Afrique, il faut pousser ces principes à l'extrême.
A quoi servirait l'agilité dans une entreprise africaine ?
Pourquoi les entreprises africaines ou les entreprises installées en Afrique doivent être agiles ? La question est lâchée ! La réponse est aussi courte que précise : c’est une question d’urgence et de survie.
Sur un terrain à la fois complexe et expérimental, savoir pivoter, s'adapter et se faire adopter est une démarche hautement vitale. Cela révèle, la pertinence d'avoir une démarche frugale sur des marchés certes compétitifs mais, surtout expérimentaux, tout en accueillant positivement les changements de besoins, même lorsque cela intervient tardivement. Winston Churchill disait : «Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu'il ne nous prenne par la gorge». C'est la capacité qu'a une entreprise à se construire des indicateurs d'appréciation et de veille stratégique que lui permettent de saisir très tôt les nouvelles orientions, de capter l'évolution des usages et des besoins et prévoir au plus tôt un plan d'actions adaptées.
Souvent, nous voulons tout planifier et tout prédire. Ne perdez pas de vue que nous ne sommes pas des charlatans et à vouloir tout prédire et planifier, nous sombrons dans l'inactivité et l'immobilisme. Vous me diriez qu'il existe des bureaux d'études et de conseils pour les planifications et la prospective. Mais combien de temps mettent -ils à produire leurs études sur l'Afrique ? Ils y mettent visible du temps, de l'énergie et engouffrent de gros budgets.
Comprendre demain par l'expérimentation ?
Seulement, au lendemain de la publication de leurs études et enquêtes, les besoins des africains ont entre temps évolués ! Je l'appelle l'effet tunnel ... et cela a un coût sur lequel tout le monde observe un silence assourdissant. Voici pourquoi il faut systématiser l'expérimentation avec des démarches et des initiatives frugales et hors du cadre !
En Afrique, on vit au rythme de l'incertitude et l'instabilité. Deux compagnons de route que nous avons appris à connaître et qui nous rappellent chaque jour que nous devons sortir des sentiers battus. On ne produira jamais rien de durable dans le confort lorsqu'on tutoie le manque de données tangibles sur un marché volatil aux contours incertains. Mettre en avant la démarche agile, c'est réconcilier l'africain, le client, l'entreprise avec la productivité au sens large. Savoir s'adapter au marché africain est un mécanisme de facilitation du changement social, une quête récurrente et sans concessions, des voies d'amélioration. C'est à juste titre qu'Épictète disait : « Tout est changement, non pas pour ne plus être, mais pour devenir ce qui n'est pas encore ».
Et si l'agilité était le cœur de chaîne du dispositif d'innovation en Afrique, dans un environnement non maîtrisé ?